Un bâtiment de 500 m² et de 10 mètres de haut
Le projet permettrait d’accueillir tous les salariés de l’association avec chacun un bureau individuel, des salles de cours, de réunion, de repos, une cuisine, etc. Un accueil de jour du public (les personnes privées de ressources, en danger de prostitution, les expulsés, les sinistrés, les victimes de violences intrafamiliales , etc) serait ouvert du lundi au vendredi, de 9 heures à 18 heures. Le tout dans un bâtiment d’environ 500 m² et 10 mètres de haut.
Des craintes sur les nuisances, la sécurité du public, l’aspect visuel
Des craintes s’installent dans les esprits des riverains, dont une en particulier. Celle que ce bâtiment tende un jour vers de l’accueil de nuit, ce qui engendrerait selon eux des nuisances. « Quand on regroupe des personnes, on voit partout que cela entraîne des nuisances sonores. Au-delà de ça, la situation de l’association pourrait évoluer, et le bâtiment finir par devenir vacant », poursuit Karl Saussard, qui a récemment lancé le collectif des pies, en référence à l’emplacement du futur bâtiment, sur la route des Pies.
« Faire un bâtiment pour ce public, à cet endroit, ce n’est pas bon du tout »
« Que Le Pont dise qu’il n’y ait pas d’accueil de nuit de prévu ne me rassure pas tant que ça parce qu’une fois qu’on est implanté, au bout d’un ou deux ans, s’il y a un sale coup quelque part et besoin de mettre des gens à l’abri, ça se fera. Faire un bâtiment pour ce public, à cet endroit, ce n’est pas bon du tout parce qu’il y a trop de pavillons autour, trop de particuliers. Ça va drainer du monde. Aux heures d’ouverture, ça va peut-être aller, mais à la fermeture à 18 h en plein été, ça va traîner autour », ajoute Noël Donguy, un autre habitant.
L’aspect visuel interpelle également : « Il sera reculé, donc situé derrière nos maisons. Nous aurions un visuel dessus, et ce bâtiment, comme il est présenté sur les plans, ne semble pas bien s’intégrer dans le cadre du quartier », poursuit Karl Saussard. « Le bâtiment est assez imposant, avec 18 bureaux à l’intérieur, c’est quand même énorme. Ça me paraît beaucoup pour notre région. J’ai peur que ça attire encore davantage de personnes », ajoute Noël Donguy.
« Ça va devenir une zone extrêmement accidentogène »
Le collectif évoque l’aspect sécuritaire de ce projet, jugé insuffisant concernant le déplacement du public. Selon lui, le manque de trottoirs et le flux important de voitures pourraient être dangereux. « Théoriquement, les gens devraient venir par la voie verte. Or, l’être humain cherche naturellement la facilité et le chemin le plus court. Et le chemin le plus court pour venir à Branges, c’est le croisement de l’entreprise Fourneret. C’est-à-dire que les personnes, dans 95 % des cas, emprunteront la départementale et non la voie verte. Sur cette voie de circulation, il n’y a aucun trottoir, aucun accotement. Ça va devenir une zone extrêmement accidentogène », réagit David Kenmenoff, habitant du quartier.
Pour toutes ces raisons, le collectif des pies n’a qu’une envie : que ce projet soit annulé. Et pour ce faire, deux pétitions ont été lancées ( lire par ailleurs ). L’une en physique et l’autre en ligne. Elles devront être remises en mairie avant la date butoir du 9 mars.
Des pétitions lancées et une rencontre entre les parties qui devrait avoir lieu fin mars
Afin de faire annuler ce projet, le collectif des pies, regroupant notamment les habitants du quartier concerné, s’est réuni vendredi 3 mars à Branges. Avec l’objectif d’informer tous les riverains du projet et de recueillir des signatures à la pétition physique qui sera apportée en mairie avant le 9 mars.
« C’est une pétition contre le projet et non pas contre l’association et les personnes accueillies. Il faut des associations comme Le Pont, on ne dénigre pas son travail. Mais ce projet ne nous semble pas bien et va impacter le quartier », explique Karl Saussard. 26 signatures ont déjà été recueillies ce soir-là. La pétition en ligne a quant à elle déjà recueilli, à l’heure où nous écrivons ces lignes, 91 signatures. Un recours a également été déposé au tribunal administratif de Dijon.
L’association Le Pont « veut être dans le dialogue »
Une première rencontre est prévue fin mars entre le collectif des pies, des membres de l’association Le Pont et le maire de Branges Anthony Vadot. Le collectif, par la voix de Karl Saussard, annonce vouloir l’abandon du projet, ou au moins « une révision du permis de construire pour être sûr qu’il ne s’agisse pas d’un bâtiment qui serve à loger, et qu’il soit plus petit, plus discret. »
L’association Le Pont, par la voix de Claire Renard, cheffe de service de la Bresse « veut être dans le dialogue. On veut expliquer notre projet et nos activités, et faire en sorte d’éviter que des doutes ne se soulèvent. Les questions d’esthétisme pourront se voir avec les riverains ».
L’association Le Pont et le maire de Branges réagissent
Claire Renard, cheffe de service de la Bresse à l’association Le Pont
« La motivation principale de ce déménagement de l’association est d’avoir un pôle unique regroupant tous les salariés dans des bureaux fonctionnels, accessibles aux personnes à mobilité réduite. Nous sommes actuellement répartis sur trois sites à Louhans et c’est compliqué. Cela faisait plusieurs années qu’on cherchait des locaux plus pérennes sur le Louhannais. On a visité des maisons qu’il aurait fallu réaménager, alors on a préféré acheter un terrain. Les équipes grossissent vite mais nos locaux n’ont pas suivi. Nous travaillerons du lundi au vendredi de 9 heures à 18 heures, il n’est donc pas question d’accueil de nuit. On est surpris par la polémique. Le permis de construire ne permet pas de changer ce bâtiment en hébergement, il n’y a donc pas de débat à avoir. Nous avons déjà des hébergements sur Louhans, et cela ne changera pas. Pour ce qui est de l’esthétisme, le projet s’intègre complètement dans le cadre de vie. Pour la sécurité, il n’y a en effet pas de trottoirs, mais les gens ont un accès par la voie verte. On va recevoir du public dans les bureaux, mais on se déplace aussi à domicile, donc on n’aura pas 25 personnes sur site à chaque fois. Quand on peut se rendre au domicile des personnes, on le fait. L’association est implantée depuis plus de 30 ans, on accompagne des personnes du secteur. Il ne faut pas réduire cet accompagnement aux migrants – cinq réfugiés sur le secteur – qui sont une part minime. »
Anthony Vadot, maire de Branges
« Le doute peut être permis d’un jour voir ce bâtiment modifié. Mais pour avoir interrogé à de multiples reprises les responsables du Pont au niveau local et départemental, ils ne souhaitent pas que ce soient des hébergements et construire une sorte de ghetto où l’on mettrait ici des personnes. L’instruction a été relativement longue pour vérifier chaque point du permis de construire. À ce jour, il n’y a aucun moyen juridique de s’y opposer. Si le recours déposé par le collectif va au bout, on verra ce qu’il en est, et si on doit retirer le permis, on le fera. On verra quel est le bon droit là-dessus. Au niveau inondations, le terrain se trouve dans une zone bleue c’est-à-dire un risque faible. Ce sont des choses qui sont en train d’être révisées. »
Propos recueillis par Chloé RISTE