SOURCE : article du JSL du 16/04/2023 – par Chloé RISTE

Dans le cadre du projet de construction d’un bâtiment à visée sociale à Branges, une rencontre avait lieu fin mars entre l’association Le Pont, souhaitant s’installer, et un collectif d’habitants s’y opposant. Avec le sentiment d’avoir été entendu mais pas écouté, le collectif annonce continuer sa fronde contre le projet.

Un bâtiment à visée sociale devrait prochainement être construit sur la commune de Branges, route des Pies.  Photo JSL /David PIPPONIAU

Cette réunion organisée entre l’association Le Pont et le Collectif des Pies aurait dû apaiser les choses. Mais elle n’aura pas eu l’effet escompté. Les membres du collectif sont toujours aussi remontés et ne comptent pas battre en retraite, bien décidés à faire abandonner le projet de l’association. Un projet qui prévoit la construction d’un bâtiment d’environ 500 m² et 10 mètres de haut pour abriter bureaux et accueil de jour de l’association (lire par ailleurs). Vivement opposés à ce projet pour diverses raisons (nuisances sonores, pollution visuelle, possibilité de devenir un accueil de nuit, dangerosité des déplacements, etc.), les membres du collectif avaient lancé une pétition en ligne – 103 signatures à l’heure où nous écrivons ces lignes – et physique. Cette dernière, déposée en mairie le 8 mars, a recueilli 145 signatures.

« Aucun compromis n’en est ressorti »

De cette réunion, organisée le 27 mars à Branges, « nous sommes restés sur notre faim, puisque l’association n’a pas répondu à nos questions, nous expliquant que la justice tranchera. Aucun compromis n’en est ressorti. Ils attendent la décision du tribunal, donc on tourne en rond. Cela risque de prendre du temps », explique Karl Saussard, habitant du quartier et créateur du Collectif des Pies.

« C’est sûrement une affaire qui durera plusieurs mois »

« Les riverains sont bel et bien déterminés et restent sur leurs positions. Ils demandent à ce que l’association cherche un autre terrain pour s’installer. Une fois la décision du tribunal rendue, elle aura deux mois pour répondre. C’est sûrement une affaire qui durera plusieurs mois », affirme le maire de Branges, Anthony Vadot.

« Ils sont dans la démesure »

Une incompréhension sur le nombre de pièces prévues dans ce futur bâtiment face à leur occupation, une crainte de voir ce dernier laissé à l’abandon ou se transformer en accueil de nuit… Des préoccupations qui embrument les esprits des proches riverains. « Avoir des voisins n’est pas un problème, on ne veut juste pas d’un immeuble. Pourquoi avoir besoin d’autant d’espace alors qu’ils ne seront pas tous présents au même moment et qu’ils n’accueilleront pas 500 personnes à la fois ? Ils sont dans la démesure », poursuit Karl Saussard.

« On est prêts à accentuer nos actions et la pression »

Davantage confortés dans leurs positions, les membres du Collectif des Pies s’activent dans l’espoir de faire bouger les lignes. « On a écrit des lettres aux responsables de l’État, dont un premier courrier adressé au Préfet à Mâcon », poursuit le Brangeois. Et les actions ne devraient pas s’arrêter là. « On va attendre gentiment le résultat du recours déposé auprès du tribunal administratif de Dijon. Le délai annoncé est de 14 à 18 mois. Mais on est prêts à accentuer nos actions et la pression », affirme Karl Saussard. Notamment auprès des élus. « On est tous déterminés. On veut bien être complaisants et compréhensifs, on est éduqués, mais il ne faut pas pousser mémé dans les orties. » Avec le sentiment d’avoir été entendus mais pas écoutés, les membres du collectif sont doublement déterminés à faire abandonner le projet.

Avoir des voisins n’est pas un problème, on ne veut juste pas d’un immeuble.

Karl Saussard, créateur du collectif

Gilles Vulin, directeur général de l’association Le Pont.  Photo d’archives JSL /Agnès GONNOT

 Le compromis, c’est la justice qui en décidera

Gilles Vulin, directeur général de l’association Le Pont

Contactée à son tour, l’association Le Pont, instigatrice du projet, déclare, par la voix de son directeur général Gilles Vulin, « comprendre les inquiétudes légitimes des riverains face à ce type de construction », déplorant toutefois les commentaires « pas toujours très respectueux » constatés sur les réseaux sociaux. Et de préciser : « Quand on construit un Établissement recevant du public (ERP), nous avons des contraintes qui nous obligent à créer des espaces particuliers. Mais nous avons bien signé un projet de construction de bureaux. » Un projet qui bénéficiera aux personnes en situation de précarité, en majorité des Bressans, tient à appuyer Gilles Vulin. Quant aux suites données à l’affaire, l’association attend elle aussi la décision qui sera rendue par le tribunal administratif de Dijon sur le recours porté par le Collectif des Pies. « On verra les suites en fonction des résultats du recours. Le compromis, c’est la justice qui en décidera », termine le directeur général du Pont.

Rappel du projet

L’association Le Pont souhaite faire construire un bâtiment de 500 m² et 10 mètres de haut sur la commune de Branges. Le projet permettrait d’accueillir tous les salariés de l’association – soit 10 jusqu’alors répartis sur trois sites louhannais – avec chacun un bureau individuel, des salles de cours, de réunion, de repos, une cuisine, etc. Un accueil de jour du public (les personnes privées de ressources, en danger de prostitution, les expulsés, les sinistrés, les victimes de violences intrafamiliales, etc.) sera ouvert du lundi au vendredi, de 9 heures à 18 heures.