SOURCE : article du JSL du 21/06/2023 – par Antoine CANTIN-GALLAND

Ce mercredi, le Cada (Centre d’accueil des demandeurs d’asile) a ouvert ses portes lors de cette semaine mondiale dédiée aux réfugiés et exilés. L’occasion de découvrir le fonctionnement de cette institution gérée par l’association Le Pont.
Les agents sociaux de l’association Le Pont accompagnés de quelques demandeurs d’asile accueillis.  Photo Antoine Cantin-Galland

« L’idée de ces portes ouvertes est de présenter ce que l’on fait, de se faire connaître des habitants afin de faire tomber d’éventuelles craintes et préjugés sur nos actions. » Olivier Milan est éducateur spécialisé au Cada (Centre d’accueil des demandeurs d’asile) du Creusot , un établissement géré par l’association Le Pont.

Un lieu qui se dévoilait au public ce mercredi sur la journée, l’occasion d’en savoir plus sur ce lieu, ouvert fin 2015, dans la rue Saint-Henri. « Nous sommes un lieu d’hébergement et d’accompagnement social pour les personnes en procédure de demande d’asile, présente Olivier Milan, présent depuis sept ans ici. Nous n’accueillons que des adultes, avec ou sans enfants. »

Une douzaine de nationalités accueillies actuellement

Actuellement, ce sont 21 réfugiés qui y sont hébergés, auxquels il faut rajouter une dizaine d’autres logés dans des locations un peu partout en ville. Près d’une douzaine de nationalités sont présentes, parmi lesquelles des Ivoiriens, des Géorgiens, des Soudanais, des Congolais, des Érythréens, des Afghans. Tous sont en cours de procédure (très longue) de demande d’asile.

« En moyenne, il faut un an et demi, relate Agnès Foret, éducatrice au Chuda (Centre d’hébergement d’urgence pour les demandeurs d’asile). Il y a une première phase administrative de six mois avec l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) puis une période de recours possible devant les tribunaux. Leur passage dans nos locaux est lié à cette procédure. » Car c’est l’Ofii (Office français de l’immigration et de l’intégration) qui coordonne et décide du lieu d’hébergement des réfugiés.

« L’objectif est l’intégration pour le bien-être de tous, demandeurs et habitants »

Durant leur passage au centre, chacun bénéficie de l’accompagnement des agents sociaux, comme Olivier et Agnès, mais aussi d’intervenants, de formateurs linguistiques. « Notre travail consiste à notamment les préparer pour leur entretien devant l’Ofpra à Paris, explique Olivier Milan. Il y a d’abord un travail d’écriture, la demande devant être écrite. Puis, un travail de posture, de positionnement, de langue, de compréhension de l’environnement et de ses codes. L’objectif est l’intégration pour le bien-être de tous, demandeurs et habitants. Nous collaborons avec des interprètes et des avocats. »

Deux solutions

À la fin de la procédure, deux options : le refus ou l’acceptation. « S’il y a refus de la demande, notre mission s’arrête à la fin du mois, précise l’éducateur. Nous proposons l’aide au retour volontaire et c’est l’État qui est décideur pour une éventuelle OQTF (Obligation de quitter le territoire français). S’il y a acceptation de l’asile, nous avons six mois pour établir un projet socioprofessionnel et l’objectif d’une sortie avec logement autonome pour ceux qui le peuvent. »

Des demandes en hausse depuis quelques années selon l’agent social : « Sur les huit dernières années, les demandes augmentent mais il y a une baisse du taux de protection. Au Creusot, nous n’avons, par exemple, pas eu de hausse significative du nombre de places au centre. »

En ajoutant le Chuda, ce sont plus de 80 demandeurs d’asile qui sont présents actuellement dans la cité du Pilon.

Bishnu est arrivé du Bangladesh il y a deux ans.  Photo Antoine Cantin-Galland

Bishnu est un Bangladais accueilli depuis deux ans au Creusot

Bishnu est arrivé du Bangladesh, son pays d’origine, au Creusot en 2021, après plusieurs étapes dans différents pays d’Asie et d’Europe. Un long périple pour fuir son pays, où il n’est plus le bienvenu. Car Bishnu est hindou et vivait alors dans un pays à majorité musulmane où, en 2021, ont éclaté de violents affrontements entre ces communautés. Il est donc en exil, seul, ayant quitté sa famille, restée sur place.

Au sein du Cada creusotin, il assure, dans un français presque parfait : « Je me sens bien ici, on m’aide beaucoup. Je suis en fin de formation linguistique, ce qui m’a beaucoup apporté au quotidien et dans mes relations. »

Sa demande d’asile est toujours en cours mais « en bonne voie » espère-t-il. Après avoir connu différents emplois dans son pays en restauration, dans le bâtiment, il souhaite s’orienter en France vers un secteur qu’il affectionne : la coiffure. « Pour cela, j’aimerais obtenir un diplôme à Chalon, confie le jeune homme. Si j’y arrive, j’aimerais ensuite m’installer là-bas pour vivre et travailler. » Il va prochainement pouvoir bénéficier de l’intermédiation locative (IML) du Pont à Chalon-sur-Saône.

A.C.-G.