SOURCE : article du JSL du 14/10/2021 par Emmanuelle VIRESOLVIT

Un dispositif permet aux jeunes majeurs immigrés d’être accompagnés. Comme Yaya Diallo, apprenti chez un boulanger de Saint-Marcel, qui bénéficie d’un logement et d’un accompagnement.

Yaya Diallo, apprenti à la boulangerie Le Wagonnet des pains de Nathalie et Patrice Volatier, attend une carte de séjour.  Photo JSL /Emmanuelle VIRESOLVIT

Yaya Diallo, apprenti à la boulangerie Le Wagonnet des pains de Nathalie et Patrice Volatier, attend une carte de séjour. Photo JSL /Emmanuelle VIRESOLVIT

« Yaya, c’est le fils que je n’ai pas eu », commente Nathalie Volatier, la dynamique et engagée boulangère du Wagonnet des pains , à Saint-Marcel. Elle et son mari Patrice ont toujours accueilli des apprentis, jusqu’à quatre en même temps. Mais plus que tout, ils apprécient aider de jeunes immigrés comme Yaya Diallo, âgé de 18 ans, originaire de Guinée-Conakry. Apprenti en 1re  année de brevet professionnel, ce fils de boulanger bénéficie depuis quelques mois du dispositif jeunes majeurs (DJM). Créé en 2018, il prend le relais de l’aide sociale à l’enfance, qui accompagne les mineurs isolés. « À 18 ans, on laissait ces jeunes dans la nature alors qu’ils n’étaient pas prêts », remarque Maxime Lecompte, travailleur social à l’association Le Pont.

20 jeunes sur liste d’attente

Le DJM encadre ces jeunes majeurs pour leur permettre d’être autonomes et d’obtenir une carte de séjour à terme. L’association Le Pont, qui porte le dispositif, met à leur disposition des appartements qu’ils partagent en colocation. Neuf sont disponibles sur le Mâconnais et cinq dans le Chalonnais. Les jeunes paient une partie du loyer en fonction de leurs revenus. Ils sont majoritairement apprentis dans la restauration ou le bâtiment. Par exemple, Yaya habite aux Aubépins, à Chalon, avec trois autres jeunes et paye 50 € de loyer.

Actuellement, 40 jeunes du département sont accompagnés, dont 13 sur Chalon et 27 à Mâcon. Mais 20 restent sur liste d’attente. « Le DJM est un passage possible mais pas obligatoire, commente Eric Millet, chef de service au Pont. Certains jeunes n’ont pas besoin du dispositif. »

Aux dires de ses accompagnants, Yaya fait preuve d’une grande maturité. « Mon choix, c’est de prendre mon appartement à moi, passer le permis, être responsable », déclare-t-il. Nathalie Volatier veille sur lui pour le mener vers l’excellence. Elle le pousse à passer des concours de boulanger, le prochain sera la foire de Dijon pour la meilleure baguette. « On surveille ses fréquentations, on lui a appris à faire ses comptes », raconte-t-elle.

Il n’attend plus qu’une carte de séjour pour voler de ses propres ailes. « Il ne faut pas baisser les bras, c’est ça le plus dur, mais c’est ce courage-là qui va payer et vous faire avoir une carte de séjour », l’a rassuré Agnès Radnic, directrice de territoire au Pont. Mais cet accompagnement se mérite. Tous les jeunes immigrés n’y ont pas droit, notamment s’ils ont commis des délits. Ils doivent également s’engager à respecter les valeurs de la République.