SOURCE : article du JSL du 26 août 2021 – par Benoit MONTAGGIONI

La Ville du Creusot n’a pas attendu l’entrée des talibans dans Kaboul pour offrir l’accueil à des ressortissants afghans en danger. Début juillet, une dizaine de familles avec enfants ont été accueillies dans la commune.

La commune du Creusot est volontaire pour accueillir des populations en danger de mort dans leurs pays. Photo d’archives JSL

À la mi-août, alors que les talibans entraient dans Kaboul et qu’une partie de la population cherchait un moyen de fuir vers l’étranger, plusieurs maires de France se faisaient déjà entendre. Anne Vignot, la maire écologiste de Besançon, proposait par exemple d’accueillir dans sa ville des réfugiés afghans. En revanche, à Nice, Christian Estrosi faisait savoir qu’il refusait d’ouvrir les portes de sa commune …

Une dizaine de familles

Au Creusot, le maire n’a, lui, pas pris la parole de l’été sur ce sujet. Il n’a pas rédigé de communiqué de presse sur la question. David Marti n’est toutefois pas resté les bras croisés. En effet, dès le début du mois de juillet, sa commune a accueilli discrètement une quarantaine d’Afghans (entre huit et dix familles) menacés dans leur pays par le retour des talibans (en raison notamment de leur travail aux côtés des Français ou des Américains ces dernières années).

Le socialiste, qui s’était porté volontaire auprès du ministère des Affaires étrangères pour accueillir des populations en danger, n’avait pas souhaité rendre l’information publique. Ce jeudi, c’est après sollicitation du JSL que David Marti a accepté de confirmer l’information. Si le maire du Creusot est resté discret c’est, dit-il, uniquement dans le but de « préserver la sécurité » des familles. « J’ai toujours dit que la Ville du Creusot était volontaire pour accueillir des réfugiés en danger dans leur pays », assume David Marti.

La commune a d’ailleurs déjà ouvert ses portes par le passé à des ressortissants afghans, mais « pas dans le même cadre ». Il s’agissait essentiellement de jeunes hommes. Cette fois, ce sont des familles avec enfants qui sont accueillies au Creusot. Des enfants qui seront scolarisés dès la rentrée de jeudi.

« Tout le monde doit prendre sa part »

Ces familles de réfugiés sont accompagnées par l’association Habitat et humanisme et par les services de la Ville. Elles sont installées dans des logements sociaux de la commune.

Sur la question de l’accueil des réfugiés venus d’Afghanistan, la position de David Marti ne souffre d’aucune tergiversation : « Tout le monde doit prendre sa part, c’est une évidence. » La Ville du Creusot est elle prête à accueillir d’autres nouvelles familles venues de Kaboul ? « Si nous sommes sollicités de nouveau et que nous sommes en capacité de le faire dans de bonnes conditions, nous le ferons. La Ville du Creusot sera toujours ouverte aux familles dont la vie est danger », assure David Marti.

La Ville d’Autun prône également l’accueil « à taille humaine »

Comme au Creusot, l’accueil est également une valeur forte de la Ville d’Autun. Depuis 2018, la commune de 13 500 habitants a accepté d’accueillir 14 familles syriennes et sept familles irakiennes (à raison de sept familles par an) dans le cadre de programmes de « réinstallation » de réfugiés.

Lorsqu’on l’interroge sur le sort des Afghans, le maire Vincent Chauvet estime que sa commune pourrait, si elle est sollicitée, être en capacité d’accueillir cinq à six familles dans les mois à venir.

Mais l’élu MoDem met en garde : « L’accueil de réfugiés, ça ne doit pas être pris à la légère. Pour que ça marche, l’accompagnement doit pouvoir se faire sur mesure et sur le temps long. C’est sans doute ce que ne réalisent pas certains maires qui viennent, comme à Besançon, d’être élus. Quand ils se proposent immédiatement d’ouvrir grands leurs portes, je crains qu’ils soient d’abord dans le slogan et l’idéologie. Alors que l’essentiel doit être le souci d’efficacité. »

Selon Vincent Chauvet, avant d’envisager d’accueillir des familles, il est essentiel d’être sûr d’avoir à disposition des structures d’accueil (notamment des logements vides), des bonnes volontés locales et aussi des services localement très impliqués. Un contexte que des communes de la taille d’Autun ou du Creusot sont aujourd’hui en mesure de proposer dans le cadre d’un accueil « à taille humaine ».

B. M.