Dans le cadre de la Semaine nationale de la santé mentale, Gilles Potelle a accepté de témoigner sur son parcours. Aidé par l’association Le Pont, il mesure le chemin parcouru depuis cette prise en charge. Rencontre.

Gilles Potelle a publié ses poèmes dans un recueil car, pour lui, l’écriture est une thérapie. Photo JSL /Maryvonne BIDAULT

Pourquoi vous êtes-vous senti discriminé ?

« Dans une situation de précarité, sans vie sociale, je me suis senti discriminé. Je sentais le regard de la société. J’avais la chance d’être entouré par ma famille, mes amis, hébergé par mon frère. Sans logement, sans emploi, je n’avais plus d’estime pour moi. Au niveau santé, c’était difficile d’obtenir des soins, compliqué avec la CMU (Couverture maladie universelle). On finit par se négliger et ne pas traiter un problème dentaire. J’avais l’impression de me mettre des freins. »

Quel fut le déclic pour rebondir ?

« J’ai rencontré des administrations bienveillantes et j’ai connu Le Pont. L’association m’a aidé à trouver un logement. C’est important, pour se reconstruire, d’avoir un endroit à soi. Maintenant, je franchis plus facilement les différentes portes vers l’insertion. En meilleure santé, j’envisage une reconversion professionnelle. Je suis dessinateur industriel de formation mais à 58 ans l’accès à l’emploi se complique. J’aime écrire, j’ai édité un recueil de poèmes. Je traduis mes sentiments, mes illusions, mes espoirs… L’écriture est un peu comme une thérapie. Elle a un effet miroir, c’est se regarder dans une glace, voir ce que l’on a de bien et de moins bien. Se dévoiler, c’est dur. Je ne le fais pas pour la reconnaissance mais j’existe par cet art. Avec des amis nous réalisons aussi un calendrier depuis quatre ans. Avoir des projets c’est un moyen d’exister vis-à-vis des autres. »

Pourquoi témoignerez-vous le 19 mars lors du débat à la suite du film Les invisibles  ?

« Je souhaite simplement apporter de l’espoir aux personnes en galère. Un SDF aura toujours du mal à s’insérer sans logement. Le Pont a plein de services, ils sont peu connus. Pourtant, leur action est précieuse et efficace auprès des personnes dans la précarité. Témoigner, c’est difficile mais peut-être que j’aiderai des personnes à rebondir. »

 

PRATIQUE  : Les invisibles , le film de Louis-Julien Petit, avec l’actrice Corine Maseiro, sera projeté le 19 mars à 20 heures au cinéma Tivoli. L’association Le Pont invite aussi le public à participer au débat et témoignages en fin de projection. Entrée gratuite sur réservation avant le 10 mars au 06.09.37.27.22. ou p.lavenir@lepont.asso.fr

 

Charolles – Quel est le but de l’association ?

L’association Le Pont au N° 10 du bâtiment E, rue Michel Anguier à Paray, propose un accompagnement social aux personnes en situation précaire. Elle aide les personnes souvent orientées par les services sociaux dans différents domaines. C’est à la fois un service d’accompagnement individualisé pour les jeunes de 18 à 25 ans cumulant des difficultés de chômage, dettes, santé, rupture familiale ; un service d’accueil et d’orientation d’urgence en lien avec le 115 ; un accompagnement de proximité pour le maintien dans le logement ou une recherche en cas d’expulsion ; un accompagnement pour mieux appréhender les difficultés de santé, repérer et soigner et un service mandataire judiciaire à la protection des majeurs.

PRATIQUE Contact avec répondeur au 03.85.81.96.96. de 14 heures à 17 h 30.