Ces héros du quotidien distingués ce mardi à Paris
Epicière et maraîcher en Bresse, docteur et assistante sociale dans le Mâconnais, ils seront à la cérémonie insolite du 14 Juillet cette année à Paris. Des habitants de Saône-et-Loire, qui, parmi des milliers de héros du quotidien, sont invités par l’Élysée car ils ont été au front face au coronavirus. Sans leur engagement, et ils ne sont pas les seuls dans le département, la paralysie du territoire aurait été pire. Sans leur courage (et leur modestie), la vie aurait été moins facile. Nous leur rendons hommage aussi avant leur montée « à la capitale ».
Mâcon : Fanny Gateau, assistante sociale « On a un public très souvent oublié »
En pleine crise du Covid-19, l’association d’action sociale Le Pont à Mâcon a été fermée au public mais disposait de plages horaires pour que les plus démunis puissent venir prendre une douche par exemple.
Assistante sociale depuis un an au service jour de l’association, Fanny Gateau, 38 ans, habitante de Prissé, a accompagné ces personnes en grande précarité. Elle était présente sur le terrain pour eux et n’a pas lâché son travail. « On a fait des maraudes tous les midis pour les repas, pour savoir s’ils n’étaient pas seuls. De voir qu’on était présent et d’assurer notre mission les a beaucoup rassurés », poursuit la Mâconnaise qui compte parmi les trois salariés de l’association. « On a réaménagé notre façon de travailler en tournant à deux sur le service jour durant le confinement. » C’est son directeur qui lui a proposé d’aller à la cérémonie à Paris. « C’est une belle reconnaissance pour les travailleurs sociaux, une fierté. » Et si elle doit échanger avec le président Macron, qu’aurait-elle envie de lui dire ? « Qu’on a un public très souvent oublié, qu’on fait un métier de cœur plutôt que d’argent… »
Emmanuelle BOULAND
Sornay | Honneurs – Après des hésitations, le maraîcher bressan accepte l’invitation de l’Élysée
Il était en train de récolter des choux-fleurs quand son téléphone a sonné. C’était le 19 juin : un appel du secrétaire général de la sous-préfecture de Louhans, lui expliquant qu’il était invité aux cérémonies du 14 Juillet par le président de la République. « Sur le coup, j’ai été très flatté et étonné : je suis jeune, j’ai 27 ans. Puis, mon premier réflexe a été de demander jusqu’à quelle heure je pouvais donner ma réponse », se souvient Matthieu Gauthier, maraîcher installé à Sornay en agriculture biologique.
Étonné par le choix du Président
Que le Président choisisse un producteur bio l’a encore plus étonné : « Du point de vue des agriculteurs bio, le gouvernement Macron est celui qui nous a le plus tiré dans les pattes. Il a été élu en mai 2017, et en septembre, le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert, annonçait la fin des aides à l’agriculture bio. Ça ne représentait pas grand-chose, moins de 50 € par mois pour mon exploitation. Mais c’était surtout une reconnaissance morale. La seule reconnaissance que l’on avait, on l’a perdue », analyse Matthieu Gauthier. Il se souvient aussi qu’à la fin du confinement, quand le Président a voulu rendre hommage aux agriculteurs qui avaient continué à nourrir les gens pendant la crise du Covid, « il était allé dans une “ferme à tomates” : une production hors sol, intensive… »
Un début d’engagement pour le jeune maraîcher
Pourtant, à 11 h 30, après une longue réflexion et une concertation avec son entourage, il décide de répondre par la positive. Il a d’ailleurs reçu quelques jours plus tard une invitation officielle par mail, du « Président de la République et Madame Brigitte Macron ». Il faut dire que Matthieu Gauthier est plutôt quelqu’un qui préfère la démarche constructive à l’opposition. Et s’il a finalement accepté, c’est pour « l’expérience personnelle. Et aussi parce que je me suis toujours dit qu’un jour, dans mon métier, je m’engagerai, par exemple au sein de la Fédération nationale de l’agriculture biologique. Là, j’ai cette opportunité. C’est un peu précipité, mais je trouve que c’est un truc à ne pas laisser passer », confie Matthieu Gauthier.
Aurélie BIDAUT
Le pilote du Morvan commentateur d’un jour sur TF1
Le 18 mars, des malades touchés par le coronavirus sont transférés par avion dans le Sud, les hôpitaux du Grand Est étant saturés. Aux commandes de cet airbus A330 Phénix, un militaire originaire de l’Autunois – ses parents résident à Saint-Léger-sous-Beuvray – le lieutenant-colonel François Gilbert, 38 ans.
Ce mardi, l’officier basé à Istres participera au 14 Juillet à Paris mais en tant que commentateur du défilé sur TF1. Son avion, lui, sera bien présent dans les airs. Il passera dans le ciel juste après la patrouille de France, en tête des avions ayant œuvré pour l’opération Résilience de lutte contre le Covid-19. Six missions de transport Morphée avaient été organisées, avec à chaque fois le transfert de six patients en réanimation. Six membres d’équipage et 16 personnes de l’équipe médicale composaient le vol.
Un avion reste toujours en alerte à Istres. Ce n’est pas le seul appareil de l’armée de l’Air à pouvoir réaliser ces missions. Il y a notamment des Falcon, mais ils ne peuvent prendre en charge qu’un ou deux malades simultanément. Le module Morphée, lui, peut aller jusqu’à 10 patients.
E. BOULAND
Azé : Muriel Traversa, médecin généraliste « J’ai juste fait mon job »
« Je suis flattée, c’est juste extraordinaire mais je n’ai fait que mon job. » Médecin généraliste dans le Mâconnais, à Azé, Muriel Traversa, 48 ans, qui comptera parmi les invités ce mardi à Paris, a la modestie chevillée aux corps, comme la profession qu’elle a choisi d’exercer depuis 2003. Durant le pic de crise, sur la base du volontariat, cette soignante est allée travailler aux urgences de l’hôpital de Mâcon, service où elle avait déjà exercé par le passé. Tout en continuant d’assurer l’accueil des patients de son cabinet et des permanences à la maison médicale… « Face à la grosse vague et à l’augmentation des malades à l’hôpital de Mâcon, on s’est tous réunis à l’association médicale que je préside. On a mis en place l’ouverture de la maison médicale pour tous les cas Covid pas trop sévères afin de garder nos cabinets “propres”, pour que les gens n’aient pas peur. En une heure, tout était réglé. »
Pour les urgences à Mâcon « on était cinq toubibs à y retourner », a réagi, vendredi, avec décontraction, la médecin mâconnaise. « On a trouvé un relationnel interprofessionnel extraordinaire, une cohésion dans l’équipe avec l’hôpital. C’était une évidence pour moi de travailler, tout s’est fait naturellement. » Un dernier message à faire passer avant que La Marseillaise ne lui résonne dans le cœur à Paris mardi ? « Ça, ça va être chaud » mais « si les patients aiment leur docteur, merci de mettre un masque et de se laver les mains ! »
Emmanuelle BOULAND
sainte-croix | 14 Juillet – Sainte-Croix : Marie Trébos, épicière « Ça m’a bien remué »
Avec son époux, Marie Trébos, gérante de l’épicerie de Sainte-Croix, a toujours ouvert sa boutique pour accueillir la clientèle durant le confinement. Cette mère de deux enfants âgée de 44 ans a aussi assuré des livraisons à domicile. C’est au titre de ce dévouement durant la crise sanitaire qu’elle a été conviée à la cérémonie du 14 Juillet à l’Élysée, r ecevant une invitation présidentielle signée Emmanuel et Brigitte Macron. « Au départ, confie Marie, je me suis dit que c’était une blague. Après, j’ai été estomaquée, je ne m’attendais pas du tout à ça. Ça m’a bien remuée. »
Mais pourquoi elle plutôt qu’une autre ? La Bressane a sa petite idée. Alors que le maire de Louhans prenait un jour son pain chez l’épicière, Marie, qui pointait une commande envoyée à ses fournisseurs, constatait qu’il manquait beaucoup de denrées. Elle a rouspété, constatant que son magasin, comme d’autres, était moins bien servi que les grandes surfaces du coin : « Vous trouvez ça normal ? », a-t-elle demandé au maire de Louhans, puis à celui de Sainte-Croix. Son coup de gueule a visiblement fait mouche.
Ce lundi, Marie Tréboz a pris le TGV depuis Mâcon pour rejoindre Paris. « Je suis contente, c’est un événement extraordinaire. Mais je suis un peu stressée. » Seul regret, que son mari n’ait pas été invité également.
Patrick DUBOIS (CLP)
SOURCE : article du JSL du 13/07/2020
14 Juillet : les Saône-et-Loiriens invités par l’Élysée « émus »
Nous vous relations dans notre édition de mardi le parcours de quatre Saône-et-Loiriens invités par l’Élysée à participer à la cérémonie du 14 Juillet à Paris. Ces héros de l’ombre nous livrent leur sentiment, de retour de la place de la Concorde.
Saône-et-Loire | Défilé du 14 juillet – « Le Président ne nous a pas adressé un seul mot »
« C’était une belle cérémonie. C’était vraiment très impressionnant de voir tout ce monde autour de la Concorde. La seule déception, c’est de ne même pas avoir eu un seul mot de remerciement du Président. Comme remerciement, il a juste rempli une tribune pour un défilé. Mais c’était une chance de participer à ce moment. »
Saône-et-Loire | Défilé du 14 juillet – « C’était impressionnant, tout est millimétré »
« C’était impressionnant, du départ de l’hôtel à la cérémonie. Tout est millimétré. Il n’y a pas de faux pas, même s’il y a eu deux ou trois malaises dans les rangs des militaires qui doivent rester très longtemps sans bouger. Nous étions placés par région dans la même tribune. Il y avait beaucoup de soignants. Je n’ai pas rencontré d’autres agriculteurs. »
Saône-et-Loire | Défilé du 14 juillet – « Un moment chargé d’émotions »
« C’était une très belle cérémonie, même si c’était un peu long au départ. Dès que le défilé a commencé, c’était magnifique. Je ne suis pas trop défilé militaire, mais là j’ai été ravie. Je crois que le moment le plus chargé d’émotions, c’était quand les militaires avec les soignants ont déroulé le drapeau français ensemble. »
Saône-et-Loire | Défilé du 14 juillet – « Ça restera un beau souvenir »
« Ce moment était solennel et puissant d’émotions. J’ai été très émue d’entendre La Marseillaise , de voir nos militaires, d’être touchée par les silences ou les sons de la fanfare… Même si nous avons vu le Président de loin, en étant placé dans la tribune en face de lui, c’était largement suffisant. Ça restera un beau souvenir. Il y avait sur cette place de la Concorde une émotion palpable. »