L’image devient presque banale à Mâcon. Après le parking Monnier et la place de Barre, un nouveau campement de migrants a vu le jour en ville. Cette fois-ci, ces demandeurs d’asile, venus d’Albanie, de Serbie et de Macédoine, en Europe de l’Est, ont posé leurs maigres bagages au Vallon des Rigolettes, à proximité du parking Rambuteau.

« Une douche par semaine »

Depuis trois semaines, ces hommes, ces femmes mais aussi ces enfants sont dans la plus grande précarité, à la vue des nombreux habitants qui vivent autour de ce parc. Ils dorment dans des toiles de tente fournies par des citoyens leur venant en aide, imperméabilisées par des grandes bâches. Pour faire leurs besoins naturels, ils vont au Square de la Paix. Et pour se nourrir, ils comptent sur les Restos du Cœur, le Secours populaire et l’aide des habitants. Quant à la douche, « c’est une fois par semaine », à l’accueil de jour, rue Bigonnet.

Vendredi après-midi, quatre familles vivaient encore sur place. Un père de famille et ses enfants de 12 et 13 ans doivent être relogés en début de semaine prochaine. Mais les autres ? « Certains sont à la rue depuis deux mois, s’insurge Élisabeth, une citoyenne qui leur vient en aide. Avant de s’installer au Vallon, ils ont été chassés de la place de la Barre, de la Gare et du Square de la Paix. L’État doit les prendre en charge. Ils pourraient être mis à l’abri en attendant leur relogement par les services de l’office français de l’immigration et de l’intégration ».

À l’image des migrants qui vivaient place de la Barre ou sur le parking Monnier, ces personnes ont toutes déposé un dossier d’enregistrement à la plateforme d’accueil des demandeurs d’asile, gérée par l’association le Pont. Ils espèrent obtenir le statut de réfugiés, même si leurs chances sont infimes ( lire par ailleurs la déclaration du préfet ).

« Le Vallon de la honte »

Dans le quartier, ce campement de migrants interpelle et choque. Des habitants ont décidé d’aider ces personnes, en leur amenant des couvertures et de la nourriture. « Quand ils sont arrivés il y a trois semaines, j’ai vu ces familles préparer leur couchage, témoigne Michel, qui habite à proximité du camp. Ils ont posé des cartons sur le sol, et des couvertures. Puis, au-dessus des corps, d’autres couvertures. Rien de fermé ou d’étanche. C’est ainsi que les hommes vivent actuellement dans notre beau Vallon. C’est le Vallon de la honte… »

« ENTRE 0 ET 10 % DE CHANCE D’OBTENIR LE STATUT DE RÉFUGIÉ »

Jérôme Gutton, préfet de Saône-et-Loire.  Photo  d’archives A. WAGNON
Jérôme Gutton, préfet de Saône-et-Loire.  Photo d’archives A. WAGNON

Contacté par le Journal de Saône-et-Loire sur la situation au Vallon des Rigolettes, le préfet de Saône-et-Loire, Jérôme Gutton, a transmis cette déclaration.

« La procédure d’asile est destinée à des personnes qui sont ou qui risquent d’être persécutées dans leur pays. Or, les demandeurs d’asile qui se présentent en Saône-et-Loire proviennent principalement de “ pays d’origine sûrs ” (notamment Albanie, Serbie, Macédoine et Géorgie) pour lesquels la situation politique intérieure ne tend pas à prouver qu’un risque existe (pays en guerre, régime totalitaire…) Les demandeurs d’asile en provenance d’un “ pays d’origine sûr ” ont en moyenne entre 0 et 10 % de chances d’obtenir le statut de réfugié.

Certaines des personnes présentes au Vallon des Rigolettes à Mâcon sont des primo-demandeurs d’asile, en provenance de “pays sûrs” selon la classification de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Elles bénéficient d’une allocation de demandeur d’asile (N.D.L.R. : ce que réfutent les citoyens qui aident ces personnes qui indiquent : « il faut deux mois pour toucher cette aide ») et d’un droit à l’hébergement par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) en fonction des places disponibles dans les structures d’accueil spécialisées. Le préfet n’a pas manqué de demander à l’Ofii que ces prestations soient mises en œuvre, dans les meilleurs délais, pour ces familles.

Dans l’attente d’une orientation vers un hébergement du parc de l’Ofii, le préfet a décidé de mettre à l’abri les personnes particulièrement vulnérables. C’est ainsi que depuis le 11 mars, trois familles, soit six adultes dont une femme enceinte et cinq enfants de moins de 8 ans, ont été mises à l’abri au gymnase des Perrières à Mâcon. À ce jour, 25 personnes sont présentes au gymnase Les Perrières en attente d’une solution de l’Ofii. Ce gymnase a été réquisitionné le 29 octobre 2018 pour assurer de façon provisoire, en raison de la période hivernale, la mise à l’abri des personnes demandeurs d’asile en situation de vulnérabilité. »

« Ces situations interrogent sur l’existence de filières »

« En Saône-et-Loire, le parc d’hébergement de l’Ofii comprend 969 places affectées aux demandeurs d’asile. Cette capacité a augmenté de 89 % depuis 2016. En 2019, 40 places supplémentaires vont être créées en plus. Malgré les efforts, l’orientation vers les structures nécessite un temps lié à l’organisation de l’hébergement et à la recherche de places disponibles. Dans l’attente de ce logement, pour faire face à d’éventuels frais, les primo-demandeurs d’asile bénéficient d’une majoration de leur allocation de demandeurs d’asile qui tient compte de la composition de la famille. Ces situations interrogent sur l’existence de filières, à la main de personnes ayant un passé judiciaire, qui encouragent la venue puis le maintien sur notre territoire de personnes originaires de pays sûrs, déboutées du droit d’asile et ayant très peu de probabilité d’obtenir le statut de réfugié. »

SOURCE : article du JSL, de Adrien WAGNON, du 18/03/2019