Un contrat de mobilisation et de coordination sur les violences intrafamiliales, sexistes et sexuelles et une charte de déontologie du réseau Mâconnais Beaujolais Agglomération ont été signés ce vendredi à Mâcon.
Ces deux conventions doivent renforcer le réseau de prévention et de prise en charge des victimes des violences intrafamiliales au niveau des communes de la MBA. Ainsi, le réseau VIF s’étend à 39 communes autour de Mâcon (par rapport aux 13 communes de l’ancienne CAMVAL).
Elles concrétisent la mise en place d’une collaboration améliorée entre la police, la gendarmerie, les procureurs, les maires, les conseils départementaux, l’inspection académique, les préfectures, les associations de victimes, les bailleurs sociaux, les hôpitaux, la CAF, les services pénitentiaires d’insertion et de probation, les structures d’accueil et l’assistance sociale, la Croix rouge ou encore la Protection judiciaire de la jeunesse des départements de Saône-et-Loire et l’Ain (la commune de Saint-Laurent-sur-Saône faisant partie de la MBA). Tous ces acteurs ont désormais des référents pour les violences intrafamiliales qui s’activent et communiquent pour résoudre les cas qu’ils prennent en charge.
Jean-François Gueritaine, maire de la Chapelle-de-Guinchay et ex-vice-président de l’ancienne Communauté de communes du Mâconnais Beaujolais (en charge du Conseil Intercommunal de Sécurité et de Prévention de la Délinquance) se rappelle les débuts du réseau VIF dans le Mâconnais : « On s’est rendu compte que dans les communes rurales les violences intrafamiliales existent et qu’il fallait trouver d’urgence des solutions pour mettre à l’abri les victimes. Il m’est arrivé un vendredi soir d’avoir une dame qui a débarqué avec ses enfants parce que son mari l’avais mise dehors et qui ne savait pas quoi faire. C’est comme ça que la communauté de communes a créé son premier réseau VIF en 2013, à l’aide de Nathalie Bonnot, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité. Depuis qu’on a rejoint la MBA, la nouvelle agglomération a repris ce qui existait, y compris les deux logements d’urgence : l’un à la Chapelle-de-Guinchay et l’autre à Crêches-sur-Saône. »
A partir de l’automne, à Mâcon, un travailleur social de l’association PEP 71 (Pupilles de l’Enseignement Public) prendra en charge les victimes. « On interviendra à la fois dans les commissariats et les gendarmeries et à l’accueil de jour de l’association Le Pont pour l’écoute et l’orientation des victimes. Ensuite nous allons activer les membres du réseau pour la mise à l’abri des personnes avec un hébergement d’urgence, lui ouvrir des droits financiers propres, etc. A présent, ce sont surtout les agents du Conseil départemental qui font ce travail, mais une synergie se met en place sur cette problématique » explique Fabien Baert, responsable de pôle de l’association PEP 71 à Chalon-sur-Saône où un accueil de jour pour les victimes des violences intrafamiliales existe depuis 2012.
Un réseau VIF, c’est un ensemble de professionnels (forces de l’ordre, travailleurs sociaux de différentes institutions (Éducation nationale, CAF, Conseil départemental), les CHRS, associations, médecins, hôpitaux, magistrats travaillant en relation avec les victimes de violences intrafamiliales afin de les prendre en charge le plus rapidement possible, de les accompagner dans les phases successives qui vont aller de leur mise en sécurité, avec notamment un hébergement, la constatation des blessures ou violences psychologiques, la prise de la plainte, l’écoute par des psychologues de victimes (femmes et enfants). Le fonctionnement d’un réseau VIF est fondé sur le partage d’informations à caractère confidentiel entre les différents professionnels : forces de l’ordre, travailleurs sociaux des différentes institutions, associations, dans le respect des pratiques professionnelles de chacun. Il permet d’agir le plus en amont possible des situations d’urgence.
En France, c’est une femme qui décède tous les trois jours et un homme tous les 15 jours sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon. La Saône-et-Loire n’est pas épargnée, avec 756 actes qui ont été enregistrés par les forces de l’ordre en 2018. Depuis 2005, sous l’impulsion de Nathalie Bonnot, déléguée départementale aux droits de femmes et à l’égalité, les réseaux VIF se sont constitués dans le département. Ces réseaux permettent un travail partenarial entre institutions administratives pour une prise en charge rapide des situations de détresse. Le contrat de mobilisation et de coordination sur les violences intrafamiliales, sexistes et sexuelles permet de définir les modalités de travail entre tous les professionnels et permet de donner une réponse pratique aux victimes. Des actions de prévention seront organisées dès le mois de novembre.
La prise en charge des victimes peut être initiée par n’importe lequel des partenaires du réseau VIF. Les forces de l’ordre prendront en charge l’auteur des violences et la procédure sera initiée en lien avec le procureur. Pour la victime, une évaluation sera faite par le partenaire pour être orientée vers l’hôpital en cas de blessures. A la sortie de l’hôpital, une nouvelle évaluation sera faite. A partir de ce moment-là, le réseau sera activé. Une fiche de situation sera complétée par le professionnel de santé et envoyée en fonction de l’évaluation aux partenaires utiles pour la victime. Un annuaire partagé permet de connaître, commune par commune, les coordonnées des professionnels par institution. Une coordination opérationnelle de l’association PEP 71 sera prochainement mise en place. Dans certains cas urgents, il sera nécessaire d’effectuer une mise à l’abri. Dans ce cas, le 115 est immédiatement saisi pour accompagner la victime dans un centre d’hébergement et de réinsertion sociale. Si aucune place n’est disponible, un comité d’hébergement d’urgence est réuni. Deux appartements et, éventuellement, des nuitées d’hôtel supplémentaires sont possibles. 53 nuitées en 2018 et 119 en 2019 ont été assurées.
Le fonctionnement d’un réseau est basé sur le partage d’informations à caractère confidentiel entre les différents professionnels dans le respect des pratiques de chacun. Il a fallu d’abord comprendre les représentations que se font chacun de ces professionnels de ce que sont les violences intrafamiliales. Des formations ont été mises en place pour expliquer les cycles de la violence, aider ces professionnels à développer des compétences au niveau de leurs pratiques, identifier l’impact de la violence conjugale, évaluer les enjeux, identifier les répercussions et les conséquences pour le développement des enfants exposés.
On a la chance de disposer d’un bon maillage territorial de réseaux VIF avec des acteurs professionnels. La Saône-et-Loire est un modèle en matière d’organisation spatiale. Il est important que les victimes aient à proximité un relais et des personnes ressources pour les aider dans leurs démarches. On a également la chance d’avoir un observatoire des violences intrafamiliales qui nous aide à obtenir des informations sur la vraie dimension du phénomène et des sessions de formation pour les membres des réseaux.
Pour le seul premier trimestre de 2019, on dénombre 364 victimes de violences intrafamiliales en Saône-et-Loire. Précisément, ce sont 252 victimes majeures, dont 234 femmes et 112 victimes mineures, dont plus des 2/3 sont des garçons. La majorité des violences intrafamiliales sont conjugales et une majorité de ces violences ont un caractère sexiste.
Cristian Todea ; SOURCE : article de Mâcon Infos du 19/07/2019
Mobilisés pour endiguer le fléau des violences intrafamiliales
Forces de l’ordre, magistrats, élus, associations, bailleurs… Ce vendredi, 27 partenaires ont signé le contrat de mobilisation et de coordination sur les violences intrafamiliales, sexistes et sexuelles du Mâconnais Beaujolais.
oixante-dix-sept femmes décédées sous les coups de leur conjoint depuis le 1er janvier au niveau national, 756 actes de violences intrafamiliales enregistrés par les forces de l’ordre en Saône-et-Loire en 2018… Ces chiffres énoncés ce vendredi par le président de Mâconnais Beaujolais agglomération, Jean-Patrick Courtois, font froid dans le dos. L’agglo, hélas, n’échappe pas au phénomène. En témoigne la centaine de nuitées d’urgence déjà sollicitées par des victimes cette année, là où elles n’étaient encore que 53 à la fin 2018.
Favoriser le partage d’informations et repérer les victimes en amont
Rassemblés à la salle du Pavillon, pas moins de 27 signataires (forces de l’ordre, magistrats, élus, associations, bailleurs…) ont adopté le contrat de mobilisation et de coordination sur les violences intrafamiliales (VIF), sexistes et sexuelles. Objectif annoncé : les prévenir et apporter aux victimes une réponse de proximité.
« Je souligne que cette action s’inscrit dans la continuité des travaux réalisés par l’ex-Communauté de communes du Mâconnais-Beaujolais sous l’impulsion du maire de La Chapelle-de-Guinchay, Jean-François Guéritaine, qui a pris à bras-le-corps, et il a bien fait, la prévention des violences intrafamiliales et qui a permis de la définir comme un axe prioritaire pour l’Agglomération », a indiqué en préambule Jean-Patrick Courtois.
Un poste dédié au commissariat et au Pont
« À travers ces contrats, il s’agit de favoriser le partage d’informations entre les forces de l’ordre, le parquet, les acteurs du champ sanitaire et social et les élus afin de repérer le plus en amont possible les femmes victimes de violences au sein du couple et d’améliorer leur prise en charge », a précisé Nathalie Bonnot, déléguée départementale au Droit des femmes. Sur le territoire de la MBA, cette dernière a annoncé la création de deux demi-postes, l’un au commissariat, l’autre à l’accueil de jour géré par l’association Le Pont, pour y accueillir les femmes victimes de violences et les victimes de violences intrafamiliales.
L’EXPERT – « AIDER LA VICTIME À CASSER LE CYCLE DE LA VIOLENCE »
Eric Jallet , procureur de la République près le tribunal de grande instance de Mâcon
« La justice intervient pour donner une traduction judiciaire à des actes qui sont des délits ou des crimes. Il faut, en réalité, lever la situation de huis clos qui est celle des violences intrafamiliales. On sait combien il est difficile pour la victime d’aller se dévoiler et expliquer ce qu’elle vit, en se mettant à nouveau à nu et en danger. Le repérage en amont, c’est cela que vous allez permettre par le partage d’informations. Les associations, l’école, le milieu médical… tous ceux qui travaillent au profit des victimes doivent pouvoir collecter ces informations et les partager avec les autres acteurs pour accompagner la victime. […] Une fois qu’on a repéré en amont, on a, en réalité, aidé la victime à casser ce cycle de violence. »
LE RÉSEAU VIF : COMMENT ÇA MARCHE ?
Serge Gaulias, vice-président de MBA chargé des dispositifs de prévention de la délinquance, a expliqué le fonctionnement du réseau VIF. « La prise en charge des victimes peut être initiée par n’importe quel partenaire. Les forces de l’ordre prennent en charge l’auteur des violences et une procédure est initiée en lien avec le procureur. Pour la victime, le partenaire qui la prend en charge effectue une évaluation des besoins. Si, elle est blessée, elle est orientée sur l’hôpital, où une nouvelle évaluation est réalisée au moment de la sortie. À partir de ce moment, le réseau est activé. Une fiche de situation est complétée par le professionnel et envoyée aux partenaires utiles pour la victime. Une coordination opérationnelle, grâce à un travail social dédié auprès de l’association PEP71, sera prochainement mise en place. Dans certains cas plus urgents, il peut être nécessaire de faire une mise à l’abri. Dans ce cas, le 115 est immédiatement saisi. Si une place est disponible dans les lieux d’accueil la victime est accompagnée dans un CHRS (centre d’hébergement et de réinsertion sociale). Si aucune place n’est disponible, un comité d’hébergement d’urgence du réseau est mobilisé. Deux appartements et éventuellement des nuitées d’hôtel peuvent être mobilisés »
SOURCE : article du JSL du 19/07/2019