Un texte proposé par le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, en juillet 2017, et intitulé « garantir le droit d’asile, mieux maîtrisé les flux migratoires », a été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale en avril.
Le projet a trouvé sur son chemin de nombreux opposants car il durcit fortement les règles pour les demandeurs d’asile déboutés qui restent sur le territoire français. Cependant, il promet une aide et une accélération des procédures pour les demandeurs. « Il semble que la loi se focalise sur le droit et l’intégration, suppose Laure Thery, cheffe de service pour l’association Le Pont. Nous sommes dans l’attente de voir comment cela va vraiment s’appliquer. Il est question d’un accès à la formation, de cours de français et d’une protection subsidiaire portée à quatre ans, c’est plutôt positif. »
Une fois le dossier de demande d’asile déposé, l’attente est parfois longue. Difficile d’occuper son quotidien lorsqu’on n’a pas le droit de travailler. Certains migrants sont assignés à résidence et doivent pointer, au moins une fois par semaine, au commissariat, le temps que leurs propos soient vérifiés. Pour ne pas passer la journée à ressasser le passé, « il faut utiliser au maximum ce temps d’attente pour la future intégration des réfugiés. Nous proposons des cours de français grâce à l’association Solid’R. Les garçons s’engagent souvent dans du bénévolat et des associations », confie l’équipe du Pont. De nombreuses actions pour changer les regards sont aussi engagées avec des partenaires, tels que le club de la JO Creusot, où les jeunes hommes vont s’entraîner, et avec l’Arc. Des textes rédigés par les résidents du centre d’accueil lors d’ateliers d’écriture avec Simon Grangeat, auteur de théâtre contemporain, seront mis en scène au petit théâtre de l’Arc le 28 juin. Les jeunes du collège Copernic de Saint-Vallier ont aussi travaillé cette année avec les migrants sur la question « Pourquoi avez-vous quitté votre pays ? » et présenteront également leur travail le 19 juin. « Il est important de sensibiliser les jeunes à ce sujet et on constate qu’ils sont vraiment très tolérants », termine la cheffe de service, Laure Thery.
« Aujourd’hui, 30 migrants sont encore hébergés dans le cadre du CAO (centre d’accueil et d’orientation) au Creusot. C’est le nombre maximum autorisé par notre habilitation, nous ne pouvons pas recevoir davantage de personnes », explique Agnès Forêt, éducatrice spécialisée de l’association Le Pont, chargée d’aider les arrivants dans leurs démarches.
Depuis 2016, des hommes majeurs venant de tout pays (Côte-d’Ivoire, Guinée, Somalie, Érythrée, etc.) arrivent devant les portes du centre, rue Saint-Henri au Creusot, espérant un accueil et une aide à l’orientation. « Sur l’année 2017, nous avons reçu en tout 50 personnes, affirme l’assistante sociale, Armelle Gravelin. L’accueil en CAO est supposé être temporaire, nous avons donc des hommes qui ne passent ici que quelques jours ou quelques mois, puis qui sont remplacés par d’autres. »