SOURCE  : article du JSL DU 12 février 2020 par Patrick MARCHAND

Mohamed a fui le Darfour en 2017. Photo JSL /Photo d’archives JSL Patrick MARCHAND

Ils sont 30, venus de tous les pays du monde. Ils ont entre 15 et 20 ans et sont arrivés en France depuis peu. Parmi ces enfants, Mohamed, 19 ans. Avec ses mots hésitants et beaucoup de gravité, il racontait son périple. « J’ai quitté le Soudan il y a un peu plus d’un an en laissant mes parents et mes frères et sœurs. Là-bas, au Darfour, c’est la guerre. Notre village a été brûlé. » Le jeune homme traverse la Libye où, sans papier, il se retrouve emprisonné. Il gagne finalement l’Italie d’où il partira pour la France dans un petit bateau pneumatique. Il arrive à Saint-Vallier en septembre 2017 après une demande d’asile. Son but : faire sa vie en France.

Mohamed (au centre), entouré de son patron et ses collègues.  Photo JSL /Patrick MARCHAND

Blanzy | retour info suite – … Aujourd’hui, il est le symbole d’une intégration réussie

Mohamed Abdallah est arrivé en France sans savoir parler notre langue. De Toulouse à Paris, de Paris à Montceau, avec l’aide du Cada, de l’Association Le Pont, de la classe UPE2A du Lycée Claudie Haigneré et de l’École de la deuxième chance, Mohamed a appris le français, passé son permis de conduire, trouvé un emploi… et même une petite amie.

Ce garçon courageux, poli et désireux de s’intégrer veut aujourd’hui demander sa naturalisation. Une belle histoire d’intégration réussie. C’est dans la classe UPE2A du Lycée Haigneré qui venait d’ouvrir que Mohamed Abdallah a appris ses premiers rudiments de français en 2017. Fuyant le Darfour (ouest du Soudan), le garçon veut apprendre la langue et la culture de son pays d’accueil pour mieux s’intégrer. On peut dire que depuis 2017, Mohamed a tracé son chemin.

Un patron qui ne tarit pas d’éloges

C’est l’École de la deuxième chance (qui n’a jamais si bien porté son nom) qui lui fait faire des stages à la Casse Auto gérée par Céline et Patrick Ravier à Saint-Vallier : « Quand il s’est présenté la première fois comme stagiaire en 2018, ça ne s’est pas trop bien passé, le stagiaire précédent ne m’avait pas laissé de bons souvenirs et j’étais méfiant. Mais après l’entretien, j’ai décidé de le prendre à l’essai et je ne le regrette pas. C’est un garçon travailleur, désireux de bien faire, toujours à l’heure et très poli. Il est venu en stages plusieurs fois. Comme nous étions contents de lui, nous lui avons proposé un CDD. Maintenant, il est en contrat de professionnalisation et je l’embaucherai par la suite. Au début, il venait en trottinette depuis Montceau, alors on lui a trouvé un vélo. Puis, on l’a aidé à passer son permis de conduire, à trouver une voiture » explique Patrick Ravier.

Un souhait fort

Mohamed, lui, ne tarit pas d’éloges sur ses patrons qu’il considère un peu comme ses parents adoptifs. « C’est un peu comme nos gamins » dit à son tour Céline Ravier.

Car chez Ravier, on emploie aussi Hassan, qui vient de Gambie, et Karim, originaire de Côte d’Ivoire. « Vous savez on en a entendu des réflexions de clients genre “On n’est plus en France chez vous”. Ça fait mal au cœur d’entendre des choses pareilles. Moi, mes employés, je ne les juge pas à la couleur de leur peau mais à leur travail. On leur donne beaucoup à ces jeunes mais eux nous apportent aussi beaucoup » conclut Patrick Ravier.

Mohamed, pour achever ce parcours d’exception et cette intégration réussie, souhaite demander la nationalité française.