SOURCE : article du JSL du 31/05/24 – par Camille ROUX
« Il faut que cette démarche vienne avant tout des femmes elles-mêmes », indique Audrey Marechal, cheffe de service veille sociale – urgence à l’association Le Pont, agréée par la préfecture pour conduire les PSP.
Des dossiers validés en préfecture
Lorsqu’elles sont d’accord, les travailleurs de l’équipe mobile précarité du Pont établissent alors un dossier avec ces victimes. Parcours de vie, situation administrative, compétences scolaires et professionnelles ou encore bilan de santé sont soumis à la commission départementale de lutte contre la prostitution, créée en 2021 et réunie « à deux reprises cette année, en janvier et en mars », précise la préfecture.
À la suite de ces deux commissions 2024, la première de ces quatre femmes, entrée en PSP en juillet 2023, a obtenu un renouvellement du dispositif – valable six mois et renouvelable trois fois – en début d’année. Les trois autres sont entrées dans le PSP en février et avril dernier.
« Ce n’est que le début d’un long parcours »
« Le PSP n’est que le début d’un long parcours », signale toutefois Audrey Marechal. Car un autre dossier doit être constitué pour obtenir une autorisation provisoire de séjour donnant accès à la possibilité de travailler et à l’aide à l’insertion sociale de 340 € par mois environ. Prioritaires à l’hébergement d’urgence au même titre que les femmes victimes de violences intrafamiliales, ces femmes peuvent intégrer un logement d’insertion une fois titulaires de l’autorisation provisoire de séjour.
« L’une a pu s’extraire grâce à sa détermination »
Certaines sortent de cette situation sans bénéficier du PSP. « Une dame, qui a décroché un contrat d’insertion à la ressourcerie du Pont à Cluny, a pu s’extraire de la prostitution grâce à sa détermination et à l’association », a signalé la cheffe de service.
Toutefois, en 2023, l’association a dénombré 61 femmes exerçant cette activité tout en vivant dans leur camion, dans une grande précarité ( lire par ailleurs ). L’équipe mobile n’a donc pas fini de sillonner les routes pour s’assurer de leur état de santé et leur parler de cet accompagnement vers un changement de vie.
Cette information est développée dans l’édition de Montceau et sur lejsl.com
70 femmes recensées sur huit secteurs distincts
Elles étaient 26 en 2019, 33 en 2021 selon les chiffres du groupement de gendarmerie livrés au Journal de Saône-et-Loire en 2022. En 2023, l’association de lutte contre l’exclusion Le Pont a recensé 70 femmes se prostituant dans des camionnettes stationnées sur huit secteurs* en Saône-et-Loire.
« Certains secteurs sont le lieu d’un grand turn-over »
« Certains secteurs sont le lieu d’un grand turn-over de femmes, tel celui de Cuisery où l’on a pu dénombrer 24 femmes qui ont successivement travaillé dans huit camionnettes », indique Audrey Marechal, cheffe de service veille sociale – urgence au Pont. Au total, 31 emplacements ou camionnettes ont été dénombrés l’année dernière.
70 % proviennent de Guinée équatoriale
Sur ces 70 femmes en situation de prostitution, 70 % d’entre elles proviennent de Guinée équatoriale et sont arrivées en France après avoir transité par l’Espagne. Environ quatre d’entre elles sont locataires ou hébergées dans un appartement. Mais 61 d’entre elles vivent dans leur camion, signe d’une grande précarité.
Ces éléments reflètent la prostitution pratiquée dans les camionnettes, stationnées le plus souvent en zone rurale. Fin avril, la préfecture a rappelé la différence avec la prostitution qui se déroule en zone urbanisée. « Non apparente, elle se produit au sein d’appartements loués par des personnes proposant leurs prestations par internet. » Des personnes qui ensuite quittent l’appartement « pour exercer dans une autre ville ».
*Le Pont n’a pas souhaité communiquer les secteurs pour protéger les femmes.
Repères – Huit infractions en zone rurale et un fait de proxénétisme relevés en 2023
Des clients verbalisés. En 2023, huit infractions pour recours à la prostitution, dont quatre pour recours à la prostitution d’un mineur, ont été relevées en zone rurale sur les territoires des compagnies de gendarmerie de Chalon-sur-Saône, Louhans, Autun et Charolles, selon les chiffres des forces de sûreté intérieure transmis par la préfecture fin avril.
En zone police, soit en secteur urbain, un fait de proxénétisme aggravé a été relevé au sein de la circonscription de Chalon-sur-Saône en janvier 2023.
La loi verbalise le client
Pour rappel, la loi du 13 avril 2016, qui a supprimé le délit de racolage passif, considère les prostituées comme victimes et pénalise le client. 1 500 € d’amende sont prévus pour recours à la prostitution , jusqu’à 75 000 € et cinq ans de prison si la personne prostituée est mineure et 150 000 € d’amende et dix ans de prison si elle a moins de 15 ans.
Le proxénétisme est puni de peines pouvant aller jusqu’à sept ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende.